On ne saurait évoquer l’histoire de Tanger sans sa dimension mythique. La tradition orale rapporte l'histoire suivante: après le déluge, l'arche de Noé dérivait en l'attente de retrouver la terre ferme. Un jour, une colombe revint se poser sur le pont de l'arche avec un peu d'argile sur ses pattes. Les occupants de l'arche se sont alors écriés: "Tin jâa" soit «la terre est arrivée».
Les récits grecs nous ont fait parvenir les plus belles légendes. Selon Platon, la région de Tanger était le domaine du géant Antée, fils de Poséidon et de Gaïa. Ce géant "monstrueux" attaquait les voyageurs pour construire avec leurs crânes un temple dédié à son père. Il donna le nom de sa femme, Tinga, à son domaine qui englobait les fameux jardins des Hespérides, réputés pour leurs fruits d'or. Il semble toutefois établi que le nom de la ville soit d'origine berbère, donné par des populations anciennement implantées dans la région.
Les légendes disent aussi qu’Hercule sépara en deux la montagne reliant l’Espagne et le Maroc et créa ainsi le détroit de Gibraltar et les «colonnes d’Hercule » avec d’un côté Calpe (Gibraltar) et de l’autre Abila (Jebel Moussa).

La mythologie de Tanger est donc un chapitre riche et plaisant de son "histoire". Ce point si singulier de l'ensemble méditerranéen, à la porte de l'océan inconnu, a nourri l'imaginaire de nombreux peuples.
Sa géographie lui a valu d’associer son nom à une fleur, l’iris tingitana, ou iris tangérois.
Iris, messager des dieux de l’Olympe, et Tanger, par extension mythique, tend à rejouer le même rôle en tant que messager entre les personnes, investi d’une mission terrestre; cette fois-ci pour promouvoir la culture et promouvoir les valeurs culturelles de la paix et du dialogue.
Une cité chargée d’histoire
Par sa situation géographique, le Tangérois constituait un milieu attractif pour les populations préhistoriques. L'abondance des sites découverts et leur variété chronologique démontrent la densité et l'ancienneté de la fréquentation humaine du sol tangérois par les premiers chasseurs-cueilleurs du Paléolithique inférieur (Acheuléen), du Paléolithique moyen (Moustérien, Atérien), et de l'Epipaléolithique. Dès le Néolithique, la péninsule tingitane va jouer un rôle important dans la genèse des civilisations méditerranéennes.

Tanger a été successivement phénicienne (vers 1000 av. J. C), carthaginoise (5ème siècle av. J. C), cité romaine (42), arabo-musulmane (683), portugaise (1471) et anglaise (1662) avant d’être libérée sous le règne du Sultan Alaouite Moulay Ismaïl en 1684. Capitale diplomatique de l’empire chérifien depuis la fin du XVIIIème siècle puis port franc, Tanger international, résultat d’un accord entre le Royaume-Uni, la France, l'Espagne, la Belgique, la Hollande,
les États-Unis, le Portugal et l’Union Soviétique auxquels se joindra l’Italie un peu plus tard, L'époque du "Statut international" est celle d’un plus grand rayonnement international de la ville, tant dans le domaine culturel que dans celui des affaires. Le régime international à Tanger reste maintenu jusqu’en 1960 où elle réintègre définitivement le territoire national marocain.
Point de jonction, Tanger était forcément prédestinée à être marquée par les vents de l'Histoire et, à cet égard, on peut dire que le passage des Phéniciens, Carthaginois, Romains, Berbères, Portugais, Espagnols et anglais allait laisser des traces indélébiles avant la prise en main de la cité par les Marocains.
Evoquer l’histoire de Tanger, c’est raconter l’expérience d’une ville, située à la croisée des routes du monde, carrefour de cultures et de civilisations, et qui fut, depuis toujours, un symbole d’union et de solidarité.
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